Forge et
Coutellerie
par Gérard HEUTTE
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Traitement du bois
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Préparation
Le traitement du bois sera en général fait après les opérations
de montage, de collage, de mise en forme et de polissage.
Une fois la forme définitive du manche obtenue, il faut donner au bois une finition
correcte. On pourra utiliser des abrasifs de plus en plus fins pour finir avec du "3/0" ou
du "600" (selon le type de papier utilisé). On pourra éventuellement finir à
la paille d'acier fine.
Les manches ayant en général des formes arrondies, il sera plus simple
d'utiliser des bandes plutôt que des feuilles.
On fixe le couteau dans un étau par la lame (protégée). On polit
par un mouvement alternatif de la bande. On obtient ainsi de beaux arrondis.
Choix du traitement
Le traitement du bois est nécessaire pour le protéger. En effet,
durant la vie du couteau, le manche sera en contact avec de l'eau, de la sueur... Sans
protection, le bois finira par s'altérer.
Le second aspect du traitement du bois est d'ordre esthétique. Certains bois
clairs ont un rendu visuel un peu "fade". Un traitement visant à le foncer ou
faire ressortir son veinage en améliorera l'aspect.
On trouve traditionnellement de nombreuses "recettes". En vrac : Huile de lin, brou de
noix, permanganate de postassium, thé...
Afin de déterminer le choix de tels produits, j'ai procédé à
des essais. J'ai préparé quelques plaquettes de houx. Ces plaquettes
ont été polies avec du papier 3/0.
Les plaquettes sont repérées par le nombre de petits trous.
J'ai ensuite appliqué les différents traitements. Les plaquettes
traîtées seront biseautées en face avant pour apprécier la
profondeur de pénétration des produits.
(1) Plaquette témoin. Elle ne reçoit aucun traitement.
(2) Huile de lin et Essence de Térébenthine (50/50). Imprégnation
par immersion une semaine. Bon rendu visuel. La plaquette de 7 mm d'épaisseur a
été imprégnée à coeur.
(3) Permanganate de potassium. Le trait central a été obtenu par une
solution de 1 gramme dans 100 millilitres d'eau. Le résultat est bien trop
foncé. Le trait de droite a été fait en rajoutant de l'eau (au pif)
dans la solution. Les applications sont faites en imbibant un coton-tige de la solution
et en passant deux "couches". Bon rendu visuel, mais très faible profondeur de
pénétration.
Cette solution (violette !) colore le bois grâce à l'oxydation.
(4) Brou de noix. Application directe du produit en imbibant un coton-tige
et en passant deux "couches". Bon rendu visuel et là aussi très faible
profondeur de pénétration.
En conclusion : Sans hésitation, mon choix se porte sur le mélange
Huile de lin et Essence de Térébenthine
. Le résultat visuel est correct. Le mélange
pénètre à coeur et assurera une protection optimale même
avec l'usure du manche. C'est (à mon avis) le meilleur compromis.
Les aspects esthétiques certains du permanganate de potassium et du brou de noix ne
compensent pas la très faible profondeur de pénétration...
Parmi les essais infructueux :
- Brou de noix dans le mélange Huile de lin et Essence de Térébenthine.
Pas terrible, la miscibilité du brou de noix dans ce milieu est quasiment nulle !
- Décoction de thé dans le mélange Huile de lin et Essence de
Térébenthine. J'ai fait un test avec une
cuillère de thé dans 150 millilitres de mélange préalablement
chauffé. Et bien... Rien de rien, le thé tombe au fond. Aucune coloration du
mélange !
Idées de tests additionnels :
- Utilisation des produits Permanganate, brou, thé (avec de l'eau) par immersion des
pièces.
- Recherche d'un colorant (de préférence naturel) miscible dans le
mélange HdL+EdT.
Traitement à l'Huile de Lin
Il faut d'abord préparer le manche. On tamponne délicatement toute la
surface avec une éponge humide. Puis, on enlève l'eau
excédentaire avec un papier absorbant. Il faut ensuite laisser sécher
(1 jour). Cette opération relève les fibres de bois à la surface.
On pourra la répéter plusieurs fois. Poncer ensuite délicatement
avec de la laine d'acier fine.
J'utilise un mélange, à parts égales d'Huile
de lin et d'Essence de Térébenthine. L'essence de Térébenthine
fluidifie l'huile de lin pour faciliter sa pénétration au coeur du bois.
De plus, elle sert de siccatif.
J'immerge le couteau plusieurs jours dans ce mélange. C'est le temps nécessaire
pour une imprégnation correcte. Pour du bois dur, comme le houx ou le buis, une
semaine sera nécessaire.
Ensuite, le séchage à l'atmosphère libre provoquera l'oxydation de
l'huile de lin, créant ainsi un film de protection.
Ce séchage peut prendre plusieurs mois. L'odeur (agréable)
dégagée s'estompera progressivement.
Pour une finition supérieure, on pourra (après séchage) repasser la
laine d'acier imbibée du mélange. L'excédent d'huile sera
épongé.
Le mélange Huile de lin + Essence de Térébenthine se conserve
longtemps dans un bocal hermétique.
Voilà le résultat (manche en aubépine) :
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